vendredi 21 février 2003

Rocky : Un geste de reconnaissance

par Isabelle Emond

Mon cheval, Rocky, a été acheté sur un coup de cœur. En effet, un Thouroughbred de 15 ans, le dos ensellé, trop maigre et qui était destiné à la viande

Ce qui m'a décidé à l'acheter? Un vendeur qui n'hésite pas à mettre son enfant de 9 ans sur son dos en plein mois de février quand Rocky n'a pas été sorti de l'hiver. Un fou, pensai-je alors… Mais quand je vis Rocky prendre un petit trot prudent sur la neige glacée et le petit gars fier de son coup… (il n'avait pas le droit de trotter, évidemment). Mon cœur a été conquis.

Je l'ai donc acheté et ensemble, on a passé à travers les niveaux cavaliers de 1 à 3 - il a fallu que je l'entraîne à ralentir son galop, à faire ses pivots, ses appuyés (un Thouroughbred en équitation western!!!) . Cela m'a pris 4 ans, mais tranquillement j'ai appris à dresser un cheval, à lui apprendre comment faire tel ou tel mouvement sans l'impatienter, à être ferme quand il le faut.

J'ai établi un excellent rapport avec lui… Il a du cœur, est patient et cherche à faire plaisir.

C'est alors que mon instructeure m'a placée devant un dilemme. Elle se doutait fortement que Rocky, qui entre-temps s'est mis à faire de l'asthme, ne passerait pas le niveau 4.

Mais que faire? Je sais que je peux passer le cavalier 4 sur n'importe quel cheval de cours. Mais on avait tellement travaillé dur pour le faire ensemble… Je lui ai donc donné sa chance…

Le cavalier 4 a été cauchemardesque!!! Il s'est mis à tousser comme un perdu - devant le juge!!! Résultat : j'ai coulé ! et le juge m'a dit que comme cavalière, je savais très bien ce qui se passait - mais que mon cheval n'était pas adéquat.

Et elle a admiré " mon courage " de passer par-dessus les regards, commentaires et jugements de tout le monde.

Je tiens à dire que ce n'était pas du courage. Mais un aboutissement. Je suis fière de ce cheval et du travail qu'on a accompli ensemble. C'était à juste titre qu'il passe le cavalier 4 avec moi.

En fait, j'ai maintenant une écurie (à moi!) où il pourra passer une retraite paisible, avec comme seule condition, de promener ma petite fille, de temps à autre.

Quelque fois, il faut avoir le courage de ses convictions!

Je n'avais pas beaucoup d'expérience à l'époque; j'avais suivi des cours d'un instructeur de la Fédération, de septembre à avril, et j'avais mon Cavalier 2. J'ai fait le contraire de ce que la Fédération conseille, c'est-à-dire qu'il est mieux, pour un cavalier qui apprend, de monter un cheval expérimenté.

Cela dit, j'adore Maverick. Il faut dire que j'ai pensé 100 fois à le vendre, pendant les premiers mois. J'en avais peur et j'étais totalement incapable de le contrôler. Je pensais que j'avais acheté un cheval pour deux choses : faire mes exercices en manège (transitions, pivots, appuyés, etc.) et de la randonnée, mais je n'étais pas capable de faire ni l'un, ni l'autre. Comme j'aurais aimé monter un cheval qui savait tout faire et moi, je n'aurais qu'à parfaire mes techniques! Et puis, la dernière fois que j'ai tenté de faire une randonnée avec lui l'automne passé, il a pris le champ 3 fois!

J'étais aux prises avec un cheval à dresser... Je m'en prenais à Maverick que je percevais comme " sans génie " et je m'en prenais à moi-même et me percevais comme piètre cavalière. Nous avions besoin d'apprendre tous les deux. Je comprends maintenant qu'il était très important que j'obtienne sa soumission pour qu'il me fasse confiance, car il ne savait pas qui des deux, moi ou lui, tenait les commandes.

J'ai appris la semaine passée à contrôler son galop. Il faut le faire... onze mois, sans être sûre de ce qui arrivera lorsque notre cheval partira au galop! Maverick fuyait le mors et chargeait. Donc, il fallait en même temps que je contrôle sa vitesse et le maintienne dans sa trajectoire. Difficile à effectuer dans un manège lorsqu'il y a d'autres cavaliers! Cette victoire est toute récente et j'en suis fière.

Maintenant, je peux vraiment pratiquer mes transitions. Il est très bon dans ses pivots sur les antérieurs. Il fait des progrès dans ses appuyés. Mon professeur et moi tentons présentement de lui faire bouger les antérieurs pour ses pivots sur les postérieurs. Il y a aussi le rassemblement à pratiquer. Nous pratiquons avec un mors de filet depuis l'automne passé. Maintenant, nous avons décidé de lui passer le mors western pendant la moitié de la séance pour pratiquer surtout la conduite à une main.

J'ai hâte de refaire de la randonnée, mais en même temps, je crains ce qui pourrait se produire, surtout qu'il ne m'écoute pas ou n'importe quoi d'autre...

J'aime Maverick, au risque de me répéter. C'est avec lui que je veux me promener dans les bois et faire mon Cavalier 4. En fin de semaine, je l'ai monté sans selle, au pas seulement. Quelle merveilleuse sensation!

Tout reste à faire et à parfaire. Je suis là avec ma patience et ma persévérance. Maverick est là avec sa bonne volonté, sa douceur et son intelligence. Qu'adviendra-t-il?

dimanche 17 septembre 2000

Calamity Jane : courage et détermination

par Chantal Martel

Remerciements à une amie bien particulière.

Tout débuta en avril 1999. Tout ne débuta pas tout à fait là, mais quand même, dans les mois précédents ma première compétition, j'avais fait des chutes plus spectaculaires les unes que les autres, mais sans gravité. Jusqu'à maintenant ...

Je me préparais à aller en compétition et, la veille du show, je me suis plantée. Paff, dans l'obstacle… j'ai eu un look raton-laveur pendant un mois environ. J'ai malgré tout continué à monter et à me pratiquer avec le même cheval.

Un jour en mai, je crois, un nouveau cheval arrive à l'écurie. Il était grand, maigre et quelque peu fougueux. On m'annonce qu'il va être mon devoir, mon nouveau compagnon, je le trouve laid, mais à quoi bon discuter, j'accepte en me disant que je dois apprendre quelque chose avec.

Lors d'une sortie à l'extérieur dans le manège de sable, au loin j'entends un quatre-roues qui s'en vient, un tracteur aussi. Au même instant un cheval me dépasse par la gauche… il n'en fallait pas plus pour que le cheval que je montais ait un " court circuit " entre les deux oreilles… Il est parti sans retenue et en oubliant qu'il avait un cavalier. J'ai réussi à l'arrêter dans un coin… Mais parce que je prenais un médicament qui devait faire partir une bosse au visage due à mon accident d'avril, je fis une chute de pression. Eh oui! Sur le dos du cheval…. Paff, dans les pieds d'obstacle. Je fus " off " pendant un mois.

À mon retour à l'écurie, un samedi, on me demanda de monter un nouveau cheval. Mon coach voulait voir le look que j'aurais avec un cheval comme lui. Comme des mois auparavant j'avais soumis l'idée de m'acheter un cheval, il voulait avoir une idée de quoi chercher pour moi.

Malheur pour moi… une fois assise sur son dos, des émotions arrivent dans ma tête, dans mon cœur, je suis prise de panique, j'ai mal au cœur, ma seule envie est de partir loin. L'évidence me frappe de plein fouet, je suis rendue avec une peur panique des chevaux. J'AI PEUR DES CHEVAUX. Je me sens malheureuse dans ça. Je les aime mais suis incapable de m'en approcher. Je prends donc une décision, fini pour moi l'équitation. C'est la mort dans l'âme que je retourne à l'écurie pour aller chercher tout mon équipement. Une surprise m'attends qui allait changer ma vie.

On m'annonce qu'ils ont trouvé le cheval qui me convient. C'est une pouliche d'à peine 15 mois. Je me dit que ça n'a aucun bon sens, et je leurs dis. Mais comme j'en conviens, cela ne me coûte rien d'aller la voir. Je me dis que c'est de la pure folie. Je ne suis même pas capable de m'approcher d'un vieux avec expérience comment ferais-je avec un bébé.

Mais quand je l'ai vue, mon cœur a fait un bond, et j'ai dit oui. Elle avait un look un peu rebelle, une robe alezane avec la crinière et la queue blondes. C'était un Selle Français. Un maintien très beau et des allures… à vous faire rêver. Je savais pertinemment qu'elle avait un problème aux pattes. Mais suite à l'examen du vétérinaire qui m'a certifié que cela pouvait s'arranger, j'acceptai finalement de l'acheter.

À son arrivée à l'écurie, OH! Horreur, ce fût la première fois qu'on me dit que les chevaux pouvait grandir tout croche. Moi je n'appelle plus ça tout croche, au garrot elle faisait 14.2 mains et aux fesses elle faisait 15.3 mains. J'avais envie de la retourner pour vice, pas pareille à celle que j'avais vue. Elle est restée. Et elle fût baptisée « Calamity Jane ».

Pendant les premières journées, il a fallu que j'apprenne à la connaître et elle aussi. Nous avions peur l'une de l'autre. Comme deux combattantes, nous nous jugions, qui allait gagner et qui allait perdre.

Pendant les mois suivants, je me suis forcée à remonter en selle. Ce furent des moments pénibles, je suis passée à travers toute une gamme d'émotions que je devais gérer. Je criais, j'avais mal au cœur, j'ai eu droit à tout. Mais par un fait du hasard tout cela a disparu un jour. J'avais accepté d'aller faire une randonnée avec les autres cavaliers de l'écurie. Moi, j'avais pris le cheval duquel j'étais tombée en avril. Nous avons marché le long d'un sentier, avons passé une rivière…je ne dis pas que je n'ai pas pensé aller prendre une gorgée d'eau en le voyant se pencher à ce point, mais non il a passé. Plus nous avancions dans le sentier, plus ma peur s'éloignait. Sur le chemin du retour, les chevaux ont dû s'arrêter un instant. Imaginez, je suis assise sur le cheval et l'instant d'après je me retrouve assise sur un cheval qui, lui aussi, est assis en plein milieu d'un sentier… Après, la peur … avait disparu. Je m'étais enfin retrouvée.

Je n'avais plus à me prouver que j'étais capable de monter, je le faisais et même mieux qu'avant. Maintenant je pouvais m'occuper pleinement de ma pouliche. Elle et moi sommes passées par toutes les épreuves possibles. Mais auprès d'elle, je retrouve toujours le calme. Aujourd'hui, elle a 28 mois, c'est une superbe pouliche au calme exemplaire, avec un caractère quelque peu particulier. De ses pattes difformes ne restent que les antérieures à rendre droites, les postérieures ont un angle parfait. Elle mesure actuellement 16 mains au garrot et 16,2 aux fesses. Et sa croissance devrait arrêter d'ici l'âge de 4 à 5 ans environ. Alors entre vous et moi, je m'attends à avoir un cheval de 18 mains ou presque.

Le plus beau cadeau qu'elle m'ait fait, ce fût dimanche dernier qu'elle me le donna. Pendant l'hiver précédent, j'ai travaillé, joué avec elle, mis des heures et des heures dessus. Et il me fallait savoir, s'il m'arrivait un accident dans les bois, partirait-elle?

Je l'ai essayé… un moment de silence… j'enlève la longe et la laisse en complète liberté dans un champ, sans clôture, sans rien, juste nous deux. Moi je continue de marcher et je regarde derrière moi… au cas où. Mais non, elle me suit, reste près de moi. J'ai réussi … ce fût un moment qui m'a transportée de joie.

Je suis devenue une exception à la règle, je suis une jeune cavalière avec un jeune cheval. Mais quel cheval… c'est ma Sweet Baby Jane pour les intimes.

mardi 28 septembre 1999

Le récit de mon cavalier 4

par Audrey Miller

Cody Dancer est un superbe Quarter Horse qui avait un an plus vieux que moi lors de mon cavalier 4. Il avait donc 17 ans, ce qui est relativement âgé pour un cheval. Sa robe est de couleur bai clair, il a une raie de mulet et de jolies pattes noires.


Cody a jadis été un champion incontesté dans la discipline des courses de baril. Puis, avec l'âge, il est devenu le cheval préféré de tous, apprenant aux jeunes les rudiments du sport équestre. Affectueusement surnommé "Patate", il exécute tous les mouvements au simple commandement verbal de l'instructeur.

Je me souviens qu'à mes débuts, Cody était encore entraîné pour la compétition. Comme il était un peu plus fringant, il nous fallait quelques bonnes leçons avant de pouvoir le monter. Dès la première fois où j'ai été sur son dos, j'ai su que ce serait l'amour de ma vie! J'ai passé mon Cavalier 3 sur son dos.

Puis, une terrible nouvelle nous est arrivée : Cody a un souffle au coeur. On devait donc le ménager le plus possible. Mais comme l'examen très important de Cavalier 4 s'en venait à grands pas, nous n'avions pas le temps de former un autre cheval à temps. Nous avons donc travaillé les mouvements plus techniques, espérant que tout irait bien le grand jour venu. Pour l'examen, nous devions apprendre un "patron", c'est à dire un parcours pré-dessiné qui nous fait exécuter tous les mouvements qui sont évalués. Mon petit cheval jaune, comme j'ai toujours aimé le surnommer au creux de l'oreille, aimait beaucoup ces répétitions et démontrait parfois sa joie par des cabrioles et des bonds de joie. J'ai beaucoup aimé m'entraîner avec lui. Le jour de l'examen, le 2 juin 1996, Cody était particulièrement excité. Le transport lui avait rappelé les compétitions passées.

    Moi et Cody avec Valérie et Albert

Sur le terrain de la Ferme Grand-Pré à Ste-Catherine de la Jacques-Cartier, nous regardions brouter nos trois chevaux. Nous étions cinq candidats de la même écurie. Cody, Albert et Taco étaient nos chevaux. Trois cavaliers allaient passer avec Taco, soit Marie-Hélène, Luc et Karine, et Valérie et moi devions faire de notre mieux avec Cody qui s'énervait de plus en plus. Nous avions Albert pour la partie de la longe. En effet, l'examen compte trois épreuves : la conduite à une main en groupe, l'épreuve technique du patron et la classe de longe. La longe est une grande laisse fixée au licou du cheval. On le fait tourner autour de nous et il doit répondre à nos commandements verbaux. On fait cela dans un but d'entraînement. Donc, comme c'était beaucoup demander au plutôt vieux, mais tout de même très énergique Albert que de faire l'examen 5 fois, nous avons fait une tentative en pratique avec Cody. Ce fut un échec total. Cody ne semblait même pas nous entendre et refusait tout simplement de prendre le galop. Comme Taco n'était pas non plus assez en forme (nous avions emmener les trois "pépères" de l'écurie!), nous n'avons pas eu le choix que de faire confiance au bel Albert.

Le résultat fut très satisfaisant. Nous avons commencé par la conduite à une main en piste. Tout a très bien été. Pour la seconde partie, je suis passée première de ma série. J'étais très nerveuse. Pourquoi moi? Je n'aurais pas la chance d'observer les autres! Je sentais Cody tressaillir et sursauter d’excitation. Comment le calmer, moi qui était déjà tellement stressée!?! J'ai pris une grande respiration, je l'ai placé dans la position de départ et j'ai attendu. Quand il m'a semblé plus calme, j'ai commencé le patron. Comme la première partie achevait et que nous arrivions vers la partie rapide, celle du galop, j'ai décidé qu'il fallait que je le calme. Avant de commencer la section rapide, nous devions nous arrêter au centre, afin d'effectuer une transition arrêt-galop directe. J'ai donc retenu mon cher Cody qui piétinait et marchait sur place un bon moment, en lui murmurant des "doucement", "calme-toi mon grand". Finalement, j'ai vraiment senti qu'il m'entendait. Quand je nous ai sentis prêts, je suis repartie. Le départ a été un peu raté : Cody galopait sur le mauvais pied. Galoper sur le mauvais pied signifie que la patte antérieure extérieure (vers le mur) allait plus loin que l'autre à chaque foulée. Pour être sur le bon pied, ce doit être celle vers l'intérieur de la piste qui parcoure le plus de chemin. J'ai donc "cassé" vers le trot (rétrograder, si je peux dire...) et je suis repartie, heureusement cette fois sur le bon pied. Le reste du parcours s'est passé relativement bien, et à la toute fin, j'ai été bombardée de questions. Je devais leur expliquer ce qui n'avait pas bien été selon moi dans mon parcours et ce que j'aurais dû faire. J'ai donc commencé : les pas de côté étaient croches un peu; je suis partie sur le mauvais pied de galop pour le premier cercle, mais je l'ai corrigé; mes petits cercles étaient un peu trop grands, et finalement, mon cheval était très excité, j'ai donc dû m'arrêter pour le calmer. Les deux examinateurs, avec leur air sérieux, ont semblé apprécier.

Puis ce furent les autres. À leur tour, Karine, Marie-Hélène, Luc et Valérie ont défilé. Valérie a eu beaucoup de difficulté avec Cody. Elle ne le connaissait pas autant que moi et n'avait pas pensé à s'arrêter pour le calmer. Aussi, il a galopé sur le mauvais pied tout le temps. L'attente des résultats a été pénible. Heureusement, la partie longe a bien été pour tout le monde. Albert a été fantastique, et nous avons eu raison de lui faire confiance.

    Albert et Marie-Hélène, Karine et Taco, moi, Luc et Cody

Finalement, tout le monde a eu son accréditation, sauf la malheureuse Valérie. Question de vous rassurer, elle s'est brillamment reprise avec le valeureux Taco au mois de novembre suivant.

Ce qu'on peut tirer de tout ça, c'est le lien spécial qui s'était établi entre moi et Cody-le-danseur. Quelques années auparavant, la cavalière de Cody en compétition avait tenté sa chance à l'examen. Elle n'avait pas réussi à cause de la fougue du cheval jaune. Depuis, personne ne s'y était risqué. Et moi, plutôt jeune pour passer ce dur examen, j'avais réussi. Cody a été mis à la retraite tout de suite après. Cela signifie donc que je serai la seule à avoir obtenu mon diplôme avec lui.

Après ce temps, Cody s'est contenté de balader les tout petits. Il semblait malgré tout heureux. Parfois, je me rendais au centre équestre et je partais me balader dans les bois paisiblement avec lui.

Puis, l'écurie a fermé ses portes. Je n'ai depuis plus eu de nouvelles de mon amour. Chose certaine, je ne l'oublierai jamais.

samedi 17 avril 1999

Le choix d'un cheval

Par Diane Tremblay, instructeure et juge gymkhana FEQ
Référence : Le Joual Vert, mensuel de la ferme équestre Les Arpents Verts, édition d'avril 1996

Avant d'acheter un cheval, il faut considérer ces points importants : quel genre de cheval est-ce que je désire? Un cheval de randonnée, de manège, de compétition ou bien de voiture?

Il faut penser à l'expérience du cavalier, l'argent disponible pour l'achat, la pension, l'équipement, l'entretien de ferrage et les soins de vétérinaire.

Le cheval de randonnée n'est pas nécessairement un bon cheval de manège, étant habitué à de grands espaces, il peut se sentir coincé et il n'a peut-être pas la souplesse et la conformation d'épaules pour travailler en cercle.

Le cheval de manège, lui, peut se montrer ombrageux et parfois trop fougueux en randonnée, car son milieu de travail est le manège où il s'applique à ses parcours et à l'obéissance à des commandes bien spécifiques.

Le cheval de voiture, lui, est normalement plutôt du genre costaud et trotteur, parfois ambleur. Il peut s'accommoder à la selle. Mais, de nature calme, il est parfois lourdaud et nonchalant dans ses allures.

Le cheval de selle, lui, peut montrer du stress lorsqu'on essaie de l'atteler.

Quelquefois, on peut trouver un cheval qui fait du manège, de la randonnée et de la voiture. Si vous en trouvez un, achetez-le vite! Car il est rare…

N'oubliez pas de vérifier la santé, les tics et les boiteries.

Pensez-y avant d'acheter, car après, vous serez deux à être malheureux : vous et votre cheval!

mercredi 17 mars 1999

Maverick

par Ginette Tremblay

J'ai acheté Maverick, il y a onze mois. Il va avoir dix ans, c'est un hongre Quarter Horse alezan; il n'avait pratiquement pas été monté pendant les 3 années précédant le jour où j'en ai fait l'acquisition, c'est-à-dire au mois d'avril 1998. Maverick mesure 15.1 mains et vient d'Ontario. C'est un propriétaire d'une écurie de Mascouche qui l'a acheté quand il avait 6 ans, de sorte qu'on ne sait pas trop ce qu'il a fait durant les 6 premières années de sa vie. Puis, ce propriétaire l'a vendu à une jeune femme qui l'a gardé 2 ans, mais elle ne le montait pas: elle en avait peur. Elle le mettait au pâturage et le brossait. Puis, elle l'a revendu au même propriétaire qui l'a gardé un hiver avant que je n'en fasse l'acquisition. C'est pour cela que je disais qu'il n'a pas été monté souvent quand je l'ai pris avec moi.

Je n'avais pas beaucoup d'expérience à l'époque; j'avais suivi des cours d'un instructeur de la Fédération, de septembre à avril, et j'avais mon Cavalier 2. J'ai fait le contraire de ce que la Fédération conseille, c'est-à-dire qu'il est mieux, pour un cavalier qui apprend, de monter un cheval expérimenté.

Cela dit, j'adore Maverick. Il faut dire que j'ai pensé 100 fois à le vendre, pendant les premiers mois. J'en avais peur et j'étais totalement incapable de le contrôler. Je pensais que j'avais acheté un cheval pour deux choses : faire mes exercices en manège (transitions, pivots, appuyés, etc.) et de la randonnée, mais je n'étais pas capable de faire ni l'un, ni l'autre. Comme j'aurais aimé monter un cheval qui savait tout faire et moi, je n'aurais qu'à parfaire mes techniques! Et puis, la dernière fois que j'ai tenté de faire une randonnée avec lui l'automne passé, il a pris le champ 3 fois!

J'étais aux prises avec un cheval à dresser... Je m'en prenais à Maverick que je percevais comme " sans génie " et je m'en prenais à moi-même et me percevais comme piètre cavalière. Nous avions besoin d'apprendre tous les deux. Je comprends maintenant qu'il était très important que j'obtienne sa soumission pour qu'il me fasse confiance, car il ne savait pas qui des deux, moi ou lui, tenait les commandes.

J'ai appris la semaine passée à contrôler son galop. Il faut le faire... onze mois, sans être sûre de ce qui arrivera lorsque notre cheval partira au galop! Maverick fuyait le mors et chargeait. Donc, il fallait en même temps que je contrôle sa vitesse et le maintienne dans sa trajectoire. Difficile à effectuer dans un manège lorsqu'il y a d'autres cavaliers! Cette victoire est toute récente et j'en suis fière.

Maintenant, je peux vraiment pratiquer mes transitions. Il est très bon dans ses pivots sur les antérieurs. Il fait des progrès dans ses appuyés. Mon professeur et moi tentons présentement de lui faire bouger les antérieurs pour ses pivots sur les postérieurs. Il y a aussi le rassemblement à pratiquer. Nous pratiquons avec un mors de filet depuis l'automne passé. Maintenant, nous avons décidé de lui passer le mors western pendant la moitié de la séance pour pratiquer surtout la conduite à une main.

J'ai hâte de refaire de la randonnée, mais en même temps, je crains ce qui pourrait se produire, surtout qu'il ne m'écoute pas ou n'importe quoi d'autre...

J'aime Maverick, au risque de me répéter. C'est avec lui que je veux me promener dans les bois et faire mon Cavalier 4. En fin de semaine, je l'ai monté sans selle, au pas seulement. Quelle merveilleuse sensation!

Tout reste à faire et à parfaire. Je suis là avec ma patience et ma persévérance. Maverick est là avec sa bonne volonté, sa douceur et son intelligence. Qu'adviendra-t-il?