par Chantal Martel
Remerciements à une amie bien particulière.
Tout débuta en avril 1999. Tout ne débuta pas tout à fait là, mais quand même, dans les mois précédents ma première compétition, j'avais fait des chutes plus spectaculaires les unes que les autres, mais sans gravité. Jusqu'à maintenant ...
Je me préparais à aller en compétition et, la veille du show, je me suis plantée. Paff, dans l'obstacle… j'ai eu un look raton-laveur pendant un mois environ. J'ai malgré tout continué à monter et à me pratiquer avec le même cheval.
Un jour en mai, je crois, un nouveau cheval arrive à l'écurie. Il était grand, maigre et quelque peu fougueux. On m'annonce qu'il va être mon devoir, mon nouveau compagnon, je le trouve laid, mais à quoi bon discuter, j'accepte en me disant que je dois apprendre quelque chose avec.
Lors d'une sortie à l'extérieur dans le manège de sable, au loin j'entends un quatre-roues qui s'en vient, un tracteur aussi. Au même instant un cheval me dépasse par la gauche… il n'en fallait pas plus pour que le cheval que je montais ait un " court circuit " entre les deux oreilles… Il est parti sans retenue et en oubliant qu'il avait un cavalier. J'ai réussi à l'arrêter dans un coin… Mais parce que je prenais un médicament qui devait faire partir une bosse au visage due à mon accident d'avril, je fis une chute de pression. Eh oui! Sur le dos du cheval…. Paff, dans les pieds d'obstacle. Je fus " off " pendant un mois.
À mon retour à l'écurie, un samedi, on me demanda de monter un nouveau cheval. Mon coach voulait voir le look que j'aurais avec un cheval comme lui. Comme des mois auparavant j'avais soumis l'idée de m'acheter un cheval, il voulait avoir une idée de quoi chercher pour moi.
Malheur pour moi… une fois assise sur son dos, des émotions arrivent dans ma tête, dans mon cœur, je suis prise de panique, j'ai mal au cœur, ma seule envie est de partir loin. L'évidence me frappe de plein fouet, je suis rendue avec une peur panique des chevaux. J'AI PEUR DES CHEVAUX. Je me sens malheureuse dans ça. Je les aime mais suis incapable de m'en approcher. Je prends donc une décision, fini pour moi l'équitation. C'est la mort dans l'âme que je retourne à l'écurie pour aller chercher tout mon équipement. Une surprise m'attends qui allait changer ma vie.
On m'annonce qu'ils ont trouvé le cheval qui me convient. C'est une pouliche d'à peine 15 mois. Je me dit que ça n'a aucun bon sens, et je leurs dis. Mais comme j'en conviens, cela ne me coûte rien d'aller la voir. Je me dis que c'est de la pure folie. Je ne suis même pas capable de m'approcher d'un vieux avec expérience comment ferais-je avec un bébé.
Mais quand je l'ai vue, mon cœur a fait un bond, et j'ai dit oui. Elle avait un look un peu rebelle, une robe alezane avec la crinière et la queue blondes. C'était un Selle Français. Un maintien très beau et des allures… à vous faire rêver. Je savais pertinemment qu'elle avait un problème aux pattes. Mais suite à l'examen du vétérinaire qui m'a certifié que cela pouvait s'arranger, j'acceptai finalement de l'acheter.
À son arrivée à l'écurie, OH! Horreur, ce fût la première fois qu'on me dit que les chevaux pouvait grandir tout croche. Moi je n'appelle plus ça tout croche, au garrot elle faisait 14.2 mains et aux fesses elle faisait 15.3 mains. J'avais envie de la retourner pour vice, pas pareille à celle que j'avais vue. Elle est restée. Et elle fût baptisée « Calamity Jane ».
Pendant les premières journées, il a fallu que j'apprenne à la connaître et elle aussi. Nous avions peur l'une de l'autre. Comme deux combattantes, nous nous jugions, qui allait gagner et qui allait perdre.
Pendant les mois suivants, je me suis forcée à remonter en selle. Ce furent des moments pénibles, je suis passée à travers toute une gamme d'émotions que je devais gérer. Je criais, j'avais mal au cœur, j'ai eu droit à tout. Mais par un fait du hasard tout cela a disparu un jour. J'avais accepté d'aller faire une randonnée avec les autres cavaliers de l'écurie. Moi, j'avais pris le cheval duquel j'étais tombée en avril. Nous avons marché le long d'un sentier, avons passé une rivière…je ne dis pas que je n'ai pas pensé aller prendre une gorgée d'eau en le voyant se pencher à ce point, mais non il a passé. Plus nous avancions dans le sentier, plus ma peur s'éloignait. Sur le chemin du retour, les chevaux ont dû s'arrêter un instant. Imaginez, je suis assise sur le cheval et l'instant d'après je me retrouve assise sur un cheval qui, lui aussi, est assis en plein milieu d'un sentier… Après, la peur … avait disparu. Je m'étais enfin retrouvée.
Je n'avais plus à me prouver que j'étais capable de monter, je le faisais et même mieux qu'avant. Maintenant je pouvais m'occuper pleinement de ma pouliche. Elle et moi sommes passées par toutes les épreuves possibles. Mais auprès d'elle, je retrouve toujours le calme. Aujourd'hui, elle a 28 mois, c'est une superbe pouliche au calme exemplaire, avec un caractère quelque peu particulier. De ses pattes difformes ne restent que les antérieures à rendre droites, les postérieures ont un angle parfait. Elle mesure actuellement 16 mains au garrot et 16,2 aux fesses. Et sa croissance devrait arrêter d'ici l'âge de 4 à 5 ans environ. Alors entre vous et moi, je m'attends à avoir un cheval de 18 mains ou presque.
Le plus beau cadeau qu'elle m'ait fait, ce fût dimanche dernier qu'elle me le donna. Pendant l'hiver précédent, j'ai travaillé, joué avec elle, mis des heures et des heures dessus. Et il me fallait savoir, s'il m'arrivait un accident dans les bois, partirait-elle?
Je l'ai essayé… un moment de silence… j'enlève la longe et la laisse en complète liberté dans un champ, sans clôture, sans rien, juste nous deux. Moi je continue de marcher et je regarde derrière moi… au cas où. Mais non, elle me suit, reste près de moi. J'ai réussi … ce fût un moment qui m'a transportée de joie.
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